En 2020 je suis devenue végétarienne après des années à tourner autour du pot sans réellement oser regarder la réalité droit dans les yeux, en continuant à me voiler la face par confort parce que c’était plus « facile » que de changer radicalement.
Et puis un jour ça a été le moment et de moi-même j’ai accepté de me confronter à des lectures, des images, que je repoussais sans cesse jusqu’alors.
Quasi immédiatement je suis arrivée à un point de non-retour, je ne pouvais plus faire semblant : j’ai stoppé ma consommation de viande après « une dernière fois » qui m’a collé la nausée pendant 48h. J’étais végétarienne.
La transition et l’apprentissage d’une alimentation végétale
J’ai transitionné doucement sans pression en mangeant trop de fromage pour compenser, en remplaçant la viande par le poisson au restaurant, en consommant beaucoup trop de produits à base de soja par peur de manquer de protéine (sachez que votre digestion ne vous remerciera pas…). J’ai fait toutes les erreurs de débutant et j’étais okay avec ça. J’y allais à mon rythme, sans chercher à devenir la parfaite végétarienne.
Et puis est venu le temps de l’apprentissage, des tests, des lectures pour comprendre ce dont mon corps avait besoin et comment lui donner les nutriments et vitamines nécessaires. Nous nous sommes renseignés et nous avons beaucoup discuter Axel et moi pour avoir les armes nécessaires face aux autres qui s’inquiètent, raillent notre choix, aux médecins dubitatifs, à toute la société qui te regarde comme un ovni parce que tu as décidé de ne plus consommer d’animaux.
Moins de pression sociale avec le confinement
Le confinement est arrivé et n’ayant plus de pression sociale nous avons mangé végétarien pendant 2 mois avec nos filles. Ce moment coupé du monde, nous a permis de faire les choses à notre manière. Nous avons testé plein de recettes, tenter d’équilibrer nos apports en protéines, en fer, en calcium, nous avons écouté nos corps, été attentifs aux signaux, à notre vitalité. C’était intéréssant, constructif et très agréable de ne pas devoir nous justifier. Ça nous a conforté dans nos choix en voyant les bénéfices que nous en tirions (confort digestif, moins de fatigue, plus de vitalité…).
En parallèle Axel s’intéressait de plus en plus au véganisme et pour l’accompagner j’ai essayé plein de recettes, remplacé les oeufs et le fromage au maximum, apprendre à faire autrement et à apprécier les nouvelles saveurs et textures qui s’offraient à nous. Comme un grand terrain de jeu, par curiosité, pour voir. Parfois nos essais étaient couronnés de succès et parfois non. Je ne suis pas devenue véganne pour autant – alors qu’Axel lui s’en approche de plus en plus – mais j’aime découvrir autant de possibilités et sortir des sentiers battus, m’ouvrir l’esprit sur la question.
Une société pas prête au changement végétarien et végétalien
Mais ce temps confiné a permis de ne pas être confronté trop rapidement au manque de représentation végétarienne et surtout véganne dans la restauration actuelle quand tu ne peux pas manger chez toi.
Je parle de la restauration rapide, des produits disponibles en grande surface, des plats dans les bistro, des options « sur le pouce » en boulangerie ou autre qui sont quasiment toutes à base de viande ou de poisson. A force le panini tomate mozza, le wok de nouilles sautés aux légumes ou la salade de chèvre chaud ce n’est pas un choix… ce sont le peu d’options qui s’offrent à toi et tu te sens un peu puni comme si le reste du monde en avait clairement rien à faire.
Les choses changent doucement, c’est déjà mieux mais ce n’est toujours pas établi, normé. Je pourrai en parler longuement – car évidemment avant de devenir moi-même végétarienne je ne m’en rendais pas autant compte – et je le ferrai car je suis étonnée de voir à quel point la société a des idées préconçues et faussées en ce qui concerne l’alimentation végétale.
Et les enfants ? Végétariens aussi ?
Quand tu es végétarienne et que tu as des enfants, la question se pose : est-ce que ton enfant va lui aussi devenir végétarien ? En général tout le monde s’en mêle, la famille horrifiée, effrayée que tu laisses mourir ta progéniture en lui faisant manger de l’herbe, les professionnels de santé, la crèche, l’école, puisqu’à priori tu fais un choix complètement inconscient. Hors norme.
Ayant à la maison deux cas de figure complètement différent – une enfant qui mange de la viande depuis le début de sa diversification alimentaire et un bébé qui commençait la sienne au moment où nous sommes devenus végétariens – nous avons eu deux approches différentes.
Pour Gaby-Lou qui a maintenant 3 ans et demi, nous lui avons expliqué que nous n’achèterons plus de viande à la maison car nous ne souhaitions plus en consommer, que c’était notre choix mais qu’elle était libre de manger ce qu’elle voulait à l’extérieur de la maison : à l’école, au restaurant, chez ses amis, grands-parents, etc… Avant de devenir végétarien nous ne lui proposions que très peu de repas à base de viande à la maison car la collectivité lui apporte largement les apports nécessaires au quotidien – un seul repas végétarien par semaine à la crèche ou maintenant à l’école, avec en général un oeuf comme remplacement. Elle est familière avec les steak végétaux, les aiguillettes et nuggets à base de plantes, le toffu, les laits végétaux et autres purées d’oléagineux. Elle s’adapte sans problème.
Pour Thelma c’est un petit peu différent car nous avons arrêté de consommer de la viande peu avant le début de sa diversification. Naturellement nous n’avons pas souhaité lui en proposer. Comme pour Gaby-Lou nous lui laissons le choix d’en manger à l’extérieur – choix qu’elle ne peut pas encore faire à un an-, et nous savons aussi qu’à son âge elle se conditionne à faire comme nous. A la crèche elle mange des oeufs et du poisson et elle consomme des produits laitiers à la maison. En complément de l’allaitement le lait maternisé utilisé est du lait de chèvre. Pour l’instant tout semble aller, elle mange de tout avec appétit et elle est en bonne santé.
Nous restons vigilants et nous aimerions trouver un médecin végétarien friendly qui puisse nous guider, en famille. Si vous avez ça sous le coude et sur Nantes, je suis preneuse !
Et maintenant où j’en suis dans mon parcours pour devenir végétarienne ?
Ça ne fait pas encore un an mais je me sens désormais en adéquation avec mon choix. Je ne mange plus de viande du tout, le poisson non plus ou alors exceptionnellement mais je n’en prends jamais par choix, pour l’instant je suis encore arrangeante quand il y a en petite quantité dans un plat. Ma consommation d’oeuf a diminué mais j’ai encore du mal à limiter le fromage. Je ne souhaite pour l’instant pas devenir vegan mais j’essaye de manger en conscience et donc de faire attention.
Mais désormais je ne peux plus revenir en arrière, je me demande même comment j’ai pu faire pendant 30 ans sans réellement me poser de question, faire parce que c’était comme ça. Je suis écoeurée par la quantité de viande que je vois partout, incapable de passer devant une boucherie sans avoir la nausée. C’est fou je n’imaginais pas ça il y a quelques années. Maintenant je ne vois que des cadavres. C’est violent peut être, mais c’est ma réalité.
Pourtant sur le papier j’aime la viande et parfois le goût me manque, je pense aux plats que j’aimais manger et sur lesquels je fais une croix et parfois ça peut me rendre un peu triste. Ce qui a été difficile pour moi – exactement comme avec la cigarette que j’ai arrêté aussi – c’est de me détacher de l’image que je me suis faite de moi-même. Deborah une bonne vivante, qui ne s’emmerde pas, qui mange, qui boit, qui fume et qui célèbre ce mode de vie fait de plaisirs. Alors forcément, avec deux enfants il y a moins de fête, l’arrêt de la cigarette, puis maintenant le végétarisme j’ai bêtement eu peur du regard des autres, de devenir la « chiante », celle qu’on décrit dans les spectacles humoristiques comme se faisant son jus de betterave au céléri et qui préfère les brunch plutôt qu’une bonne fête.
Parfois je ressens le besoin de me justifier « hey je ne fume plus, je suis végétarienne mais je suis toujours cool, croyez moi ». C’est naze parce qu’en réalité ce n’est pas ça qui doit nous définir, ce sont des jugements à la con, je me soigne, j’essaye en réalité de sortir de mes propres clichés, de mes propres jugements, ceux qui me faisaient encore ricaner il n’y a pas si longtemps parce que tu comprends « jamais je ne deviendrais comme ça moi ». Bah si et c’est tant mieux.
J’ai encore des tonnes de choses à dire sur le sujet, mais je garde ça pour une prochaine fois. Dans un futur article je vous parlerais aussi de mes ressources : des lectures, documentaire, compte instagram, blog, produits consommés, etc… de quoi agrandir ma catégorie de blog lifestyle qui a été un peu mis de côté dernièrement ! j’espère que ça vous intéressera et j’ai hâte de pouvoir en discuter avec vous.
Et n’hésitez pas à me suivre sur instagram, j’ai bien envie d’y partager mes pérégrinations culinaires de nouvelle végétarienne 😉